Alfred Marx, «L’impureté selon P. Une lecture théologique», Vol. 82 (2001) 363-384
This study sets out to review the different factors of impurity recognized as such by P. In the final analysis, these come down to two: death (with which ‘leprosy’ is connected) and sexuality. Whatever the original reason for considering these two factors as a source of impurity, P. has given them a theological reinterpretation by which he relates them to the story of the Fall; death and sexuality are characteristics of the human condition that are a result of the Fall, whereas the impurity which they bring about calls to mind the dissolution of the original connection between man and God.
En fait, si la "lèpre" est considérée comme un facteur d’impureté majeur, c’est, comme on l’a souvent noté, parce qu’elle est mise en rapport avec la mort19. Non pas que la "lèpre" soit une maladie mortelle: elle n’est jamais réputée comme telle dans l’AT et P envisage clairement la possibilité d’une guérison (voir aussi Lv 22,4). Alors qu’à l’inverse un pestiféré n’est jamais considéré comme impur, bien que la peste soit éminemment contagieuse et entraîne inévitablement la mort. L’association de la "lèpre" à la mort est d’un autre ordre. Ainsi que l’indique expressément Nb 12,12, elle vient de l’aspect du "lépreux", comparable à celui d’un enfant mort-né dont "la chair est à moitié rongée" (cf. Jb 18,13). La peau du "lépreux" ressemble à celle d’un enfant mort-né, à celle aussi d’un cadavre en décomposition20. Le "lépreux", de ce fait, apparaît à certains égards comme un être hybride, qui possède toutes les caractéristiques d’un être vivant, mais qui, en même temps, présente l’apparence physique d’un mort. Il évoque la mort, dont le visage se retrouve d’ailleurs aussi sur les tissus et les maisons rongés par la lèpre. Et ce lien avec la mort est encore renforcé par l’obligation qui lui est faite de porter les marques du deuil (Lv 13,45). Le "lépreux" est ainsi comme un mort ambulant. La mort sociale et religieuse à laquelle il est condamné n’est que l’expression de la mort physique que son apparence véhicule. C’est en fin de compte parce qu’il doit servir non seulement à réintégrer le malade guéri mais encore à le faire passer de la "mort" à la vie, que ce rituel prend une telle ampleur.
4. La mort
Que la mort ne figure pas parmi les facteurs d’impureté en Lv 11–15 peut surprendre à première vue, et ce d’autant plus qu’elle constitue le facteur d’impureté qui non seulement est le plus grave, mais aussi le plus répandu. Seul y est mentionné le contact avec le cadavre d’un animal. En réalité, cette absence n’a rien d’étonnant. En effet, Lv 11–15 ne vise pas à donner une liste exhaustive de toutes les impuretés, mais uniquement à préciser les conditions permettant à ceux qui ont été des facteurs d’impureté de réintégrer la communauté.