Alfred Marx, «L’impureté selon P. Une lecture théologique», Vol. 82 (2001) 363-384
This study sets out to review the different factors of impurity recognized as such by P. In the final analysis, these come down to two: death (with which ‘leprosy’ is connected) and sexuality. Whatever the original reason for considering these two factors as a source of impurity, P. has given them a theological reinterpretation by which he relates them to the story of the Fall; death and sexuality are characteristics of the human condition that are a result of the Fall, whereas the impurity which they bring about calls to mind the dissolution of the original connection between man and God.
laquelle eau est projetée sur celui qui doit être purifié et qui, après avoir nettoyé ses habits et s’être lavé, redevient pur; et dans les deux cas l’eau ainsi utilisée contient du sang. Mais ce rituel se situe ici un cran en-dessous: celui qui projette le liquide est un homme pur, et non un prêtre; le liquide projeté est de l’eau mêlée à de la cendre intégrant des éléments qui, de par leur couleur (la peau rouge de la vache, son sang, le cramoisi), font référence au sang, et non de l’eau mélangée au sang d’un oiseau; ce liquide est projeté au moyen d’une branche d’hysope, et non d’un bouquet formé de bois de cèdre, d’hysope et de cramoisi; et le rasage du corps, que doit effectuer le "lépreux" guéri, n’est pas exigé ici.
Ce lien avec la première phase du rituel de réintégration du "lépreux" guéri n’est pas fortuit. Car il s’agit bien, comme là, de purifier, et non de réintégrer. Et, de fait, celui qui s’est rendu impur par un mort n’est pas astreint, en plus, à offrir un t)+x et un holocauste: ces sacrifices ne sont prescrits que lorsqu’il s’agit de réintégrer ceux qui ont été personnellement à l’origine de l’impureté. Mais, tout comme le "lépreux" avant sa réintégration, il est sous l’emprise de la mort dont ce rite est destiné à le libérer. L’importance de ce facteur d’impureté est démontrée par la nécessité de recourir, de manière médiate, au principe vital que constitue le sang, pour servir d’antidote contre la mort, ce sang, contenu dans la cendre, étant celui d’un dérivé du t)+x, dont la fonction est justement de réaliser la séparation.
On notera que c’est ici le seul cas où le rite exigé de la part de celui qui s’est rendu impur est directement rattaché à un rite communautaire, la cendre utilisée pour le rite de purification provenant d’une vache brûlée, non pas pour un individu en particulier, mais pour l’ensemble de la communauté. C’est que, à la différence des autres facteurs d’impureté, l’impureté due à la mort est la seule à laquelle tous les êtres humains, de par la mort frappant un de leurs proches, sont un jour confrontés.
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Mort et sexualité sont donc, en définitive, les deux seuls facteurs d’impureté retenus par P. Mais, pourquoi donc ces deux domaines sont-ils considérés comme impurs?
Si, en règle générale, on conçoit fort bien que la mort, parce qu’elle est antinomique à la vie, et donc à Dieu, est facteur d’impureté, la question, par contre, se pose pour la sexualité qui, elle, est tournée vers la vie.