Alfred Marx, «L’impureté selon P. Une lecture théologique», Vol. 82 (2001) 363-384
This study sets out to review the different factors of impurity recognized as such by P. In the final analysis, these come down to two: death (with which ‘leprosy’ is connected) and sexuality. Whatever the original reason for considering these two factors as a source of impurity, P. has given them a theological reinterpretation by which he relates them to the story of the Fall; death and sexuality are characteristics of the human condition that are a result of the Fall, whereas the impurity which they bring about calls to mind the dissolution of the original connection between man and God.
serve pas à la reproduction ou que la femme se trouve dans l’incapacité de concevoir et donc ne possède pas la plénitude de la vie. Si telle était la raison majeure de l’impureté, l’eunuque, la femme stérile, celle qui n’est pas encore en état d’enfanter devraient également être tenus pour impurs.
Les différentes explications évoquées s’efforcent toutes, et avec raison, de dégager un dénominateur commun à la mort et à la sexualité, à savoir l’absence ou la perte de vie. I. Willi-Plein parle d’intrusion du chaos27. De sorte que, selon Milgrom, la fonction des instructions divines sur le pur et l’impur est de rappeler à Israël l’obligation de s’attacher à la vie et de rejeter la mort28. Mais il y a un autre dénominateur commun à la mort et à la sexualité: ce sont aussi les deux caractéristiques distinctives de la condition humaine, celles-là même qui, selon l’AT, différencient la condition humaine de la condition divine. En effet, et contrairement à l’être humain, Dieu, tel que le conçoit Israël, ne meurt pas, mais est immortel et, n’ayant pas de partenaire, il n’engendre pas de fils et de filles.
Il y a plus. D.P. Wright a noté que, d’un point de vue structurel, le récit du jardin d’Éden et les lois sacerdotales sur la pureté reflétaient des idées similaires29. Mais il n’y a pas qu’une similarité d’idée. Car les deux facteurs d’impureté, qui représentent aussi les caractéristiques distinctives de l’humain, sont étroitement associés à la "chute". Une lecture littérale du récit de Gn 2–3, telle qu’a pu la faire P, conduit à penser que le premier homme, bien que fragile statuette faite de poussière, symbole de l’éphémère, et donc potentiellement mortel, avait la possibilité, grâce à l’accès à l’arbre de vie, de vivre éternellement, et ainsi de devenir, de fait, immortel (Gn 3,22). Et d’ailleurs, la mort qui le frappe après la "chute" est expressément présentée comme une sanction. Prononcée par Dieu, elle lui est infligée à la suite de sa transgression de l’interdit divin (Gn 3,19), et se traduit par son expulsion du jardin d’Éden, et donc par l’impossibilité d’accéder à l’arbre de vie (Gn 3,23-24). Ce même type de lecture qui prend le récit au pied de la lettre laisse également entendre que ce premier homme était destiné à rester unique. La femme que Dieu lui adjoint n’est pas dite avoir été créée par Dieu en vue de la procréation, mais pour lui servir de vis-à-vis et pour