Alfred Marx, «L’impureté selon P. Une lecture théologique», Vol. 82 (2001) 363-384
This study sets out to review the different factors of impurity recognized as such by P. In the final analysis, these come down to two: death (with which ‘leprosy’ is connected) and sexuality. Whatever the original reason for considering these two factors as a source of impurity, P. has given them a theological reinterpretation by which he relates them to the story of the Fall; death and sexuality are characteristics of the human condition that are a result of the Fall, whereas the impurity which they bring about calls to mind the dissolution of the original connection between man and God.
venir à son aide. Et de fait, la référence à la procréation n’intervient qu’après la transgression de l’interdit, d’abord dans la sentence dont Dieu la frappe (Gn 3,16), puis, à travers le nom d’Ève — "mère de tous les vivants" — que lui donne Adam aussitôt après que Dieu l’ait condamnée à la mortalité (Gn 3,20). Et ce n’est qu’après que le premier couple ait été chassé du jardin d’Éden qu’Adam connaît sa femme, et qu’Ève conçoit et donne naissance à des fils (Gn 4,1-2). Cette interprétation semble d’ailleurs aussi être celle de Flavius Josephe qui écrit: "Quant à Éve, il la punit en lui infligeant l’enfantement et les souffrances qui l’accompagnent" (Ant. 1.49).
Cette conception, au demeurant, se retrouve dans le targum:
Voici que le premier homme que j’ai créé est seul dans le monde tout comme moi je suis seul dans les hauteurs du ciel. Des peuples nombreux surgiront de lui et de lui surgira un peuple qui saura distinguer le bien et le mal. S’il avait gardé le commandement de la Loi et observé ses préceptes, il aurait vécu et subsisté comme l’arbre de vie, pour les siècles30.
Mort et sexualité — laquelle est envisagée uniquement dans la perspective de la reproduction et considérée comme un succédané de l’immortalité — ne sont donc pas des caractéristiques intrinsèques de l’être humain, qui seraient conformes à la volonté du Créateur. Elles résultent d’un événement dont l’être humain, et non son Créateur, est responsable. Car même si P a placé la reproduction sous le signe de la bénédiction divine (Gn 1,28), manifestant par là même sa volonté de vie pour l’ensemble de l’humanité, celle-ci n’en est pas moins associée à ce péché originel. Mort et sexualité sont la conséquence de la rupture d’avec Dieu. Et elles en portent la marque.
Cette réalité, P l’a transcrite au plan rituel en appliquant à la mort et à la sexualité le qualificatif d’impur. L’impureté interdit l’accès au sanctuaire, lieu de la présence divine. Elle sépare de Dieu, qui est la source de toute vie. Elle empêche toute relation avec lui. Elle est, de ce fait, porteuse de mort. Ces caractéristiques propres à l’impureté sont celles-là même de la condition humaine après la chute. La distinction entre impur et pur, parce qu’elle renvoie à cet événement fondamental qui a définitivement déterminé la condition humaine, constitue ainsi un enjeu théologique majeur. C’est la raison