Armand Puig i Tàrrech, «La recherche du Jésus historique», Vol. 81 (2000) 179-201
The quest for the historical Jesus is a task for the historian but it also interests the theologian and, therefore, the exegete. The sources (especially the value to be attributed to the Gospel of Thomas) and the criteria of historicity are two questions that deserve special attention. The criterion of historical plausibility, recently formulated by G. Theissen, amounts to an overall vision that goes beyond the methodological outlooks adopted until the present time. Basically, it is a question of settling the relation between history and faith that was broken off at the Enlightenment and of suggesting a critical pattern that would try to explain the continuity Jesus primitive community. Research into the historical Jesus helps to consolidate the foundations of the Christian faith.
La reconstitution du Jésus historique ne peut être, comme le prétend Crossan, le fondement de la foi. Bultmann aurait raison: il sagirait dune foi qui voudrait se justifier à partir des oeuvres. Cest plutôt lévénement-Jésus, tel quil est exprimé dans les narrations évangéliques, qui doit être envisagé comme objet de la foi. La foi chrétienne se fonde sur le périple vital de Jésus, le Christ, qui inclut tout son ministère, ses paroles et son activité, sa passion, mort et sépulture, sa résurrection et ses apparitions. On confesse le Christ mort et ressuscité, terrestre et céleste, prépascal et postpascal, cest-à-dire, celui qui a participé de lhistoire humaine et celui qui en a traversé les limites. On confesse la personne de Jésus, enraciné dans le concret du judaïsme du Ier. siècle, à travers ce que la communauté chrétienne primitive dit de lui. Et, si on veut élargir la perspective, on le confesse comme quelquun qui provient de Dieu dans lannonce (promesse), lhumanité (incarnation) et la gloire (parousie). On peut tracer une ligne entre le kérygme christologique le plus ancien et le Symbole de la foi qui sappuie sur le Nouveau Testament ainsi que la Tradition apostolique continuée par les Pères de lÉglise. Or, dans tout ce processus, la liaison étroite entre histoire et foi est sauvegardée. Le modèle des premiers siècles nous invite à ne pas établir une dissociation insurmontable entre foi et histoire. Il sagit plutôt de rétablir une continuité entre les deux dans le cadre dune compréhension holistique de la foi, laquelle ne peut se confondre avec une harmonisation facile. De plus, cette continuité correspond plutôt à la nature même du kérygme néotestamentaire: Jésus, le crucifié, est le Christ, le ressuscité, le Seigneur58. Le fossé entre lhistoire et la foi, ouvert par une raison rationaliste, doit être franchi par une raison sachant redécouvrir lapproche à Jésus faite par la communauté primitive.
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Il est évident que les critères dhistoricité constituent linstrument de rapprochement entre le judaïsme, Jésus et la communauté