Patrick Fabien, «La conversion de Simon le magicien (Ac 8,4-25)», Vol. 91 (2010) 210-240
The episode of Simon the magician is found in a transitional section and inaugurates a series of conversions between chapters 8 and 11. When the missionaries leave Jerusalem, they encounter new obstacles. This article focuses on Simon’s conversion: is he truly converted? As magic is very powerful and can clothe any religious system reducing it to its own vision, based on the magician’s power, the reader wonders till the end of the story. On the one hand, Philip and Simon as well as Peter and Simon are depicted in a mimetic parallelism; on the other hand, Peter denounces the magician and condemns him by ruining his reputation. At the end of the story, Simon is a deflated matamore left alone with himself. Will he change his magic vision and behaviour? No one knows but himself.
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Une fois de plus, il est dans l’erreur et doit être exclu (vv. 20-23).
La construction logique est imparable. Dans le premier conflit,
Simon subit une défaite et dans le deuxième, il est condamné. Avec
Pierre, le raisonnement déductif est exprimé par deux conjonctions
causales oti (vv. 20.23) et gar (v. 21). On passe de l’implicite
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(vv. 4-13) à l’explicite (vv. 14-24), d’une capitulation à une condam-
nation. Luc montre et explique en blâmant (vv. 14-24). Le récit
progresse en crescendo.
Un discours qui blâme se rattache au genre épidictique. Lors de
la condamnation de Simon, les accusations pleuvent. C’est ce
qu’Aristote appelle l’amplification “la forme la mieux appropriée
au genre épidictique†(Rhet. I, 1368a, 9,26). L’amplification
consiste à blâmer la personne pour ses actes et elle stigmatise “les
vices â€, kakıai (Rhet. I, 1366b, 9,22 et Ac 8,22). Luc ne s’en prive
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pas, car on trouve deux condamnations et six motifs d’accusation. Il
reste tout à fait dans l’art rhétorique aristotélicien qui consiste Ã
blâmer le coupable en multipliant les méfaits.
A l’opposé du blâme se tient le panégyrique. Paradoxalement, il
n’y a aucun panégyrique des missionnaires. La narration se contente
de raconter ce qu’ils font. Philippe travaille pour le Christ gratuite-
ment en vue de gagner les Samaritains et ne cherche aucun avan-
tage, de même les apôtres reconnaissent que leur pouvoir provient
d’ailleurs, puis s’en vont aussitôt après avoir rempli leur mission.
L’absence d’éloge des missionnaires “met en lumière la grandeur
d’une vertu†(Rhet. I, 1367b, 9,26) qui consiste à ne pas chercher sa
propre gloire. Pour eux, c’est la croissance de la Parole qui compte,
but ultime de leur action. Luc blâme le faux et s’abstient de faire
l’éloge du vrai qui s’impose de lui-même comme une évidence.
3. L’offre du pardon de Pierre
Comment alors interpréter le pardon qui est offert à Simon?
N’est-ce pas jarring “ discordant †comme l’affirme Garrett 65 ? À
l’époque de Luc, l’accusation de magie sert à diffamer celui qui
n’entre pas dans le système de l’accusateur 66. En offrant le pardon Ã
un magicien condamné, le narrateur prend le contre-pied de la
GARRETT, The Demise of the Devil, 72.
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HEINTZ, Simon “le magicienâ€, 32-36.
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