Alfred Marx, «L’impureté selon P. Une lecture théologique», Vol. 82 (2001) 363-384
This study sets out to review the different factors of impurity recognized as such by P. In the final analysis, these come down to two: death (with which ‘leprosy’ is connected) and sexuality. Whatever the original reason for considering these two factors as a source of impurity, P. has given them a theological reinterpretation by which he relates them to the story of the Fall; death and sexuality are characteristics of the human condition that are a result of the Fall, whereas the impurity which they bring about calls to mind the dissolution of the original connection between man and God.
Quoi qu’il en soit de cette fonction sociale que M. Douglas attribue aux lois sacerdotales relatives à l’impureté, ce que suggère cette hypothèse est que P ne s’est pas contenté de reprendre des croyances ancestrales, dont la signification première avait sans doute été perdue, mais qu’il a délibérément mis en système ces anciens tabous afin de les mettre au service d’un projet, quitte d’ailleurs à donner à ces tabous une signification nouvelle. La question que l’on peut dès lors se poser est: pourquoi P n’a-t-il considéré comme impures que certaines catégories animales, la "lèpre", la sexualité, et la mort? Et, plus précisément: quelle est la raison théologique qui l’a amené à faire de ces différentes réalités des facteurs d’impureté?
Les règles relatives à l’impureté sont présentées par P comme étant d’origine divine. Elles font partie des instructions, twrwt, données par YHWH à Moïse. Mais, à la différence de toutes les autres lois et instructions, ces instructions-là sont adressées à la fois à Moïse et à Aaron. La présence quasi systématique d’Aaron aux côtés de Moïse comme interlocuteur de YHWH n’est pas fortuite. Elle résulte, en effet, de la fonction attribuée aux prêtres de distinguer entre le saint et le profane, entre l’impur et le pur (Lv 10,10; voir aussi Ez 22,26; 44,23). Qu’Aaron soit ainsi associé à Moïse non pas pour recevoir, comme on aurait pu s’y attendre, les instructions relatives au culte sacrificiel, mais uniquement celles portant sur cette seule catégorie de lois et d’instructions, indique ce qu’est, selon P, la fonction majeure, la plus fondamentale, du sacerdoce. Ce fait manifeste aussi l’importance primordiale que P attribue à la question du pur et de l’impur.
Les instructions relatives aux différents facteurs d’impureté sont, curieusement, réparties sur deux sections distinctes.
La première de ces sections se trouve dans le Lévitique, en Lv 11–15. Elle s’inscrit dans le cadre des directives données par YHWH à Moïse au pied du Sinaï, depuis la Tente de la Rencontre (Lv 1,1). Les instructions portant sur les différents cas d’impureté font ici suite à celles relatives au rituel sacrificiel (Lv 1–7), dont elles sont séparées par des morceaux narratifs (Lv 8–10). Elles sont immédiatement suivies de la description du rituel du Myrpkh Mwy en Lv 16, point culminant de cette première partie du Lévitique. Cette première