Christophe Mézange, «Simon le Zélote était-il un révolutionnaire?», Vol. 81 (2000) 489-506
Simon’s surname, Zealot, cannot be understood to carry the meaning of ‘revolutionary against Rome’. A characteristic of the ideology of the Zealot party is the transformation of the sentiment of multi-secular religious zeal of the biblical tradition into a political, anti-Roman doctrine. This transformation in meaning is owed to the influence of, among other things, the Fourth Philosophy, which exerted its influence only in the 50’s AD. Since the elements required for the foundation of the Zealot party did not come together before these years, Simon’s surname, Zealot, can be understood only in the religious sense.
période la Quatrième Philosophie ait eu une autorité suffisamment forte pour influencer la naissance du parti révolutionnaire des Zélotes.
En revanche, la période qui suit est on ne peut plus propice à cette gestation. Le mouvement fondé par Judas va resurgir dans les années 50, et cette fois à Jérusalem même, dans la Ville Sainte. Ce renouveau de l’activité des partisans de Judas précisément dans les années 50 n’est pas un hasard et s’explique au moins par trois facteurs qui modifiaient les données par rapport à la période précédente. Le premier est la tentative de Caligula en 41 de se faire adorer par les Juifs comme un dieu à la place de YHWH. Même si Caligula avait échoué, les événements avaient démontré les dangers de la soumission à un empereur divinisé. Le deuxième est l’octroi par l’empereur Claude d’un roi juif à la Judée en la personne d’Agrippa I (41-44). La mort prématurée d’Agrippa et le retour à l’administration directe de Rome en 44 durent aggraver les désillusions des Juifs et renforcer leurs désirs d’indépendance. Le troisième est le rattachement cette même année des anciennes tétrarchies d’Hérode Antipas et de Philippe — elles englobaient la Galilée, la Pérée, la Gaulanitide, l’Auranitide, la Thraconitide et la Batanée — à la Judée, c’est-à-dire à l’administration directe de Rome. Tous les territoires qui avaient appartenu aux Juifs étaient désormais administrés directement par les Romains. Les partisans de la Quatrième Philosophie n’avaient plus la possibilité, contrairement à ce qui était encore le cas de 6 à 44, de se retirer en Galilée ou en Gaulanitide pour vivre en conformité avec leurs convictions. Dorénavant, à moins de renier les idéaux insufflés par Judas, la lutte leur était devenue obligatoire pour éviter la soumission à Rome.
Dans ce contexte des activistes, armés de la sica, poignard à manche recourbé, surnommés de ce fait les Sicaires, vont assassiner des Juifs qui collaboraient avec les autorités romaines, à commencer par les personnalités les plus en vue comme le grand prêtre Jonathan. Ces terroristes sont suffisamment organisés pour frapper de jour, en plein ville, dans le Temple même parfois et leurs complots ne vont faire que croître à partir de la procuratèle de Félix (52-60) jusqu’à la grande révolte de 66. Leurs motivations rappellent celles de Judas le Galiléen: "Ils débauchaient au nom de la liberté, promettant la mort à ceux qui restaient soumis à la domination des Romains et ils parlaient d’ôter la vie par la violence à ceux qui choisiraient volontairement la servitude"59.