Christophe Mézange, «Simon le Zélote était-il un révolutionnaire?», Vol. 81 (2000) 489-506
Simon’s surname, Zealot, cannot be understood to carry the meaning of ‘revolutionary against Rome’. A characteristic of the ideology of the Zealot party is the transformation of the sentiment of multi-secular religious zeal of the biblical tradition into a political, anti-Roman doctrine. This transformation in meaning is owed to the influence of, among other things, the Fourth Philosophy, which exerted its influence only in the 50’s AD. Since the elements required for the foundation of the Zealot party did not come together before these years, Simon’s surname, Zealot, can be understood only in the religious sense.
ou négligeable des partisans de la Quatrième Philosophie à cette époque. En 39 Caligula, se prenant dans sa folie pour un dieu, décide de faire mettre sa statue dans le Saint des Saints du Temple de Jérusalem pour y être adoré. C’était là la plus grande atteinte qu’on pût faire au judaïsme, le renouvellement de "l’abomination de la désolation" qu’avait commise Antiochus IV Epiphane en 167, en introduisant, paraît-il, la statue de Zeus Olympien dans le Temple de Jérusalem55. Si le parti révolutionnaire avait eu un peu de vigueur à cette époque, cette très grave provocation aurait immanquablement poussé les Juifs à la révolte et aurait anticipé d’une trentaine d’années la guerre contre Rome56. Or le règlement de ce drame se passa sans aucune effusion de sang. Au soulèvement, les Juifs préférèrent la discussion diplomatique non violente, d’abord avec le gouverneur de Syrie Petronius, puis avec l’Empereur lui-même57. Finalement l’affaire se régla grâce au parti pris de Petronius pour les Juifs et le poignard de Chaerea qui mit fin aux folles entreprises de Caligula le 24 janvier 41. Même dans cet épisode, où le contexte est on ne peut plus favorable aux partisans de la révolte, ceux-ci s’illustrent par une absence remarquable.
Il nous faut conclure qu’après l’an 6 ap. J.-C. jusqu’à la moitié des années 40 l’activité révolutionnaire dirigée contre Rome est quasi-inexistante dans les faits. Les conflits des Juifs contre les autorités romaines sont des heurts ponctuels résultant de problèmes religieux qui, une fois réglés, ne remettent pas en cause le régime. Les partisans de Judas le Galiléen sont pratiquement absents à cette époque de la Judée où leur influence est imperceptible. On peut supposer que ces hommes se sont retirés en Gaulanitide ou en Galilée jusque dans les années 44, vues leur faiblesse qui les empêche de continuer la lutte en Judée et leur fidélité à la Quatrième Philosophie qui leur interdit de se soumettre aux autorités romaines. L’absence des partisans de cette idéologie révolutionnaire en Judée à cette époque donne l’impression que, malgré les conflits épisodiques, le régime n’était pas menacé par une révolte. Tacite en a sûrement conscience quand il écrit: "Sous Tibère [la Judée] était calme"58. Il est douteux que durant cette