Claude Lichtert, «Récit et noms de Dieu dans le livre de Jonas», Vol. 84 (2003) 247-251
The problem of the different names of God in the book of Jonah is regulary discussed by researchers. There have been attempts to resolve this question through diachronic hypotheses (as part of literary criticism), as well as by synchronic hypotheses which attribute the choice of different names for God to semantic associations or to the structure of the story as a whole. This study offers an interpretation which considers the changes in the name for God as a function of the narrative. Thus, the very act of naming God comes from the story itself and through the interaction of its characters. The analysis offered here, after a brief study of each chapter of the book, shows that the double divine name ("YHWH God") is the term that brings out the positive or negative twists and turns in the narrative. In brief, Jonah makes his way through the story with different names for God, each indicating how God’s relation with others is positivie or not.
On retrouve dans le livre de Jonas de nombreuses nominations différentes pour désigner le divin: "YHWH", "mon / ton / son dieu", "le Dieu", "YHWH Dieu", "Dieu". Ce petit récit prophétique peut-il être ainsi considéré comme le livre du problème du nom de Dieu et de ses attributs1? Cette question n’est pas neuve comme le démontre le status quaestionis récemment élaboré par M. Mulzer. De façon intéressante, ce dernier propose une triple distinction: il commente tout d’abord les hypothèses diachroniques de la critique littéraire (de W. Böhme à L. Schmidt), puis les hypothèses synchroniques attribuant le choix des différentes nominations de Dieu aux associations sémantiques (de T. Boman à J. Magonet) et enfin les explications structurales (de N. Lohfink à H.J. Opgen-Rhein)2. S’il est inutile de reprendre ici ce travail impressionnant, on rappellera cependant les études les plus suggestives3.
Le premier à avoir abordé cette problématique est probablement W. Böhme, à la fin du XIXe siècle4. À sa suite, l’alternance des noms divins dans le livre de Jonas a été interprétée par l’exégèse historique comme le résultat de différentes couches rédactionnelles, l’une yahwiste, l’autre élohiste5. Elle trahirait donc une rédaction par étapes, même s’il est impossible d’isoler un récit primitif des couches secondaires6. D’autres exégètes ont estimé qu’il fallait simplement considérer les termes comme étant interchangeables et ainsi privilégier la liberté littéraire de (des) l’auteur(s)7.